3. SEGALEN Victor (1878-1919)
3 LAS à Yvon Segalen, Petrograd, Nanking, Shanghai, 3 février 1917, 10 mars 1917 et 20 avril 1917. 10 pp. ½ in-4. Beau sceau à l’encre rouge en en-tête de deux lettres.
Double lettre datée du 3 et 10 février 1917. Victor Segalen arrive dans « […] de beaux pays du froid, avec tout ce que le froid permet : les traineaux dans les rues […] les traineaux dans les sentiers de montagne ; les ski norvégiens que beaucoup d’enfants ont aux pieds ; les raquettes à neige… […] Le point le plus [au] nord a été la frontière de la Suède en Finlande, à Torméa, où tous les conducteurs bien que Finlandais, ressemblaient à de vrai lapons […] c’est en arrivant à Petrograd, à 3 h du matin, que j’ai vu la temp. Atteindre moins 38° […] on se brule quand on touche du métal. […] Petrograd […] n’a absolument rien de Russe […] elle n’est pas vieille : à peine deux cents ans. […] tout est blanc ; beaucoup de façades peintes en beau rouge brun, tout comme les murs des Palais à Pei king. ; Le 10 mars, il évoque la collection de timbre de Yvon, les problèmes d’acheminements du courrier. ; le 20 avril, lettre intime dans laquelle il donne des conseils à son fils « Il faut évidemment, faire le moins de peine possible autour de soi ; et il est évident que tu ferais de la peine à grand-mère et à grand-père si tu répondais : non, je ne ferai pas ma première communion, parce que je ne crois pas à l’existence réelle du dieu des catholiques. […] il est important de ne pas mentir, – et encore plus d’être d’accord avec soi-même. Tu sais bien que les questions religieuses sont des choses qui me préoccupent beaucoup moi-même […] que nous avons commencé à les étudier ensemble, chez les Hindous et les Grecs. […] il est intéressant, & même nécessaire de savoir ce que savent les gens avec qui l’on vit. Or, la plupart de tes camarades sont catholiques, et savent leur catéchisme. Il ne faudrait pas que tu te sentes inférieur à eux, sur ce point […].
Il poursuit sur son travail actuel « J’examine des « travailleurs chinois » (on ne dit plus des coolies, depuis la Révolution) » et sur des faits historiques cruciaux « Tu as appros la façon dont le peuple Russe avait mis le Tzar à la porte. […] j’aurai bien voulu être là : j’ai passé à Petrograd 3 semaines trop tôt. Mais je suis content de l’avoir vu sous l’ancien régime. Décidément les Empereurs ne sont plus solides […] ».
Lettres inédites, provenance familiale.